Voyage

À vélo sur la Véloroute Gourmande du Québec : 5 jours de plaisirs culinaires et de paysages pittoresques

L’odeur de croissants frais attire quotidiennement une foule composée aussi bien de locaux que de touristes vers le charmant café de François Pellerin à Chambly, au Québec. Utilisant du beurre généreux et de la farine biologique provenant des fermes voisines de la Montérégie, il prépare chaque jour 300 viennoiseries croustillantes et vend plus de 500 miches de pain chaque week-end à sa Boulangerie du Vieux‑Chambly. Depuis son ouverture en 1896, l’établissement a changé de mains à 12 reprises, et Pellerin en est aujourd’hui le douzième propriétaire.

Les premiers clients de cette boulangerie étaient des soldats stationnés au Fort Chambly, situé sur les rives de la rivière Richelieu — le seul fort français encore debout au Canada. Il ne fait aucun doute qu’à l’époque, la fraîcheur du pain tout juste sorti du four illuminait leurs quartiers froids et exigus. Plus d’un siècle plus tard, cette même odeur continue d’attirer et de réconforter.

Nous nous rendons à la boulangerie de Pellerin parce que celui-ci constitue l’un des quelque 125 haltes épicuriennes sur la Véloroute Gourmande, un itinéraire cyclable de 235 kilomètres qui relie Montréal à Sherbrooke, traversant la luxuriante ceinture verte du sud du Québec.

Bien que cette route ait été lancée en 2022, elle demeure encore peu connue en dehors de la province. Ce qui la distingue, c’est son caractère organisé : elle propose des hébergements recommandés et des arrêts gastronomiques pour guider les voyageurs. C’est donc avec trois amis que je commence cette escapade culinaire, à la début du mois d’octobre, en visitant des restaurants spécialisés, des marchés agricoles, des cafés, des vignobles, des brasseries, des boutiques, des auberges et des hôtels situés le long du tracé.

Notre aventure débute par un voyage détendu en train Via Rail, en provenance de Toronto, jusqu’à Montréal. Nous passons la nuit à l’Hôtel Alt Montréal, situé près du canal de Lachine, dans un établissement élégant. Le matin suivant, nous sommes équipés de vélos électriques et de tout le matériel nécessaire, fourni par Voyager à Vélo. Cette société assure notamment le transfert de nos bagages entre chaque hébergement, et à la fin du parcours, nous ramène à Montréal. (Si vous préférez la voiture, l’entreprise peut également la transporter de Montréal à Sherbrooke.)

Une majorité de notre trajet suit la Route Verte, un réseau de 5 400 kilomètres de chemins asphaltés ou en gravel bien balisés. Grâce à nos vélos électriques, parcourir environ 50 kilomètres chaque jour devient aisé. Nous plaisantons en disant que le vélo électrique, c’est à la cyclisme ce que le pickleball est au tennis, ressentant une sensation de performance sportive inutilement exagérée lorsque nous dominons aisément les côtes plus raides.

Nous franchissons le pont de Champlain, traversons le fleuve Saint-Laurent agité, puis pédalons jusqu’à Brossard, puis Chambly, Saint-Jean-sur-Richelieu, Farnham, Granby, North Hatley et enfin Sherbrooke.

Le long de notre parcours, nous longeons de petites villes, des banlieues tranquilles et d’étendus paysages pastoraux bordés de rivières, de lacs et de canaux. Nous faisons de nombreuses pauses pour admirer les couleurs de l’automne : le rouge vif du sumac, le vert pâle de la molène, et la majesté des saules pleureurs aux côtés des érables flamboyants et des bouleaux jaunes.

Il est difficile de ne pas se sentir joyeux sur un vélo, surtout lorsqu’on peut s’arrêter toutes les deux heures pour goûter à des plaisirs savoureux : dégustation de vins et plateau de fromages aux olives farcies au Vignoble Domaine du Fleuve près de Montréal ; sandwiches au pain aux noisettes, raisins, brie et poires pochées chez La Station à Eastman ; burgers végétariens copieux au Pilsen, près du lac Massawippi à North Hatley ; crêpes beurrées, fourrées de pommes, chez Les Bonnes Sœurs à Saint-Jean-sur-Richelieu. Nous nous installons aussi dans des fauteuils Adirondack chez Farnham Ale & Lager, profitant du soleil d’octobre pour siroter un cidre bien frais.

Au Bistro Kapzak, situé à Granby, nous découvrons des saveurs fusion polono‐québécoises, notamment un assortiment de charcuterie incluant des fromages locaux et des pierogis farcis aux champignons, garnis d’échalotes frites, accompagnés d’une chutney de courgettes faite avec des ingrédients du jardin de la mère du chef. Enfin, à la Cherry River Distillerie dans une ancienne église de Magog, nous dégustons des gins infusés avec des plantes botaniques locales, les bouteilles éclairées par la lumière du soleil filtrant à travers des vitraux représentant des saints.

Chaque soir, nous trouvons refuge dans des hébergements accueillants. Au Le St-Christophe, un hôtel boutique à Granby, mon partenaire et moi-même découvrons un lit à baldaquin doté d’une particularité surprenante : il vibre pendant 15 minutes si l’on actionne la télécommande de la lampe de chevet. Ce n’est pas tout : un son apaisant d’une voix masculine, murmurant une sorte de méditation indéchiffrable, émane discrètement derrière la tête de lit. En quelques minutes, il nous endort.

Cependant, nous n’avons pas vraiment besoin d’aide pour sombrer dans le sommeil. Entre les longues journées de pédalage, de découvertes gustatives, et la joie tranquille de l’exploration partagée en toute simplicité sur la route, nous sommes déjà entièrement comblés, dans tous les sens du terme.

Anne Bokma a voyagé en tant qu’invitée de Tourisme Montérégie et Tourisme Cantons-de-l’Est, qui n’ont pas édité ni approuvé cet article. Une version de cet article a été initialement publiée dans le Hamilton Spectator.

Laurence Gauthier

Laurence Gauthier

Je m'appelle Laurence Gauthier, rédactrice au sein de Montréal Express. Curieuse du monde qui m'entoure, j’écris sur les enjeux sociaux, l’environnement et la vie citoyenne au Canada. Mon objectif : offrir une information accessible, engagée et ancrée dans le réel.